La Norvège de l'extrême Nord
Mardi 29 mai
Ce n'est pas le grand beau temps, mais le soleil semble vouloir dominer.
Nous quittons donc Vestre pour longer le fjord de Varanger jusqu'à la mer de Barents...
Ce nom évoque pour moi l'épopée des SNA et SNLE soviétiques qui quittaient Mourmansk (Russie), pour patrouiller... et bien sur le début de ce beau film "Octobre Rouge" avec Sean Connery...
Nous rejoignons le petit port d'Ekkeroy, situé sur une presqu'île,
peuplée essentiellement de moutons,
et dominée par d'impressionnantes falaises couvertes d'oiseaux.
Ce sont d'immenses colonies de mouettes tridactiles,
en pleine période de reproduction (mi-mai/mi-juin) qui nichent sur d'étroites corniches.
Un vrai régal à observer, ça vole de partout, les unes couvent, les autres rapportent de la nourriture (poissons, calmars, crevettes, mollusques et crustacés...)
A midi nous déjeunons au bord de la plage d'Ekkeroy, sans avoir vraiment l'envie de faire trempette...
C'est encore l'occasion d'observer des "Huitriers Pie" avec leurs magnifiques becs rouges, à la recherche de bivalves (moules, coques) ou autres gastéropodes ou petits crabes.
Nous observons aussi des "Petits Gravelots"qui piétaillent sur la plage à la recherche de petits vers ou de petits crustacés.
Après déjeuner, nous refaisons notre route d'hier en sens inverse jusqu'à la fameuse Route 98 qui remonte d'abord vers le nord puis bifurque plein ouest sur les hauts plateaux qui dominent les premiers grands fjords de l'extrême Nord.
Je dis fameuse "route 98" car son revêtement est épouvantable... voir inexistant sur certaines portions de terre engravillonnée... mais les paysages traversés sont sublimes.
Passages de cols,
descente vers des fjords,
remontée sur des hauts plateaux enneigés...
On en prend plein le dos, mais aussi plein la vue. je recommande, mais à faire doucement !
Nous arrivons enfin à notre but du jour, le hameau d'Ifjord, qui sera notre point de départ pour tenter de rejoindre l'extrême nord de notre continent, à Gamvik, en passant par les Haut Plateaux qui dominent le fjord de Lakse à l'Ouest et de Tanaf à l'Est.
Mais nous verrons cela demain. En attendant, nous atterrissons dans l'unique camping du lieu, qui n'a de camping que le nom.
Tout est sale et indescriptible, ces Norvégiens n'auraient donc aucun amour propre !
Enfin, le principal pour nous est d'être abrité du vent et de la tempête de neige et de pouvoir nous raccorder à une prise électrique, fusse-t-elle placée à 2 m de haut et à 15 m de notre roulotte.
Quatre autres camping-cars sont dans la même galère... la neige tombe de plus belle, tous tirent les rideaux, dîner et dodo...
Mercredi 30 mai
Oublions les détails désagréables des départs sous la neige...
Le temps est tellement execrable qu'il nous paraît raisonnable de renoncer à Gamvik qui risque d'être impratiquable.
En tous cas nos voisins y renoncent. Au moment du départ, une éclaircie nous fait changer d'avis et nous prenons cette magnifique route dans l'espoir de pouvoir aller jusqu'au bout !
Curieusement, cette petite route est dotée d'un revêtement magnifique et la neige semble l'avoir épargnée.
Nous sommes subjugués par la beauté des lieux, mais un peu inquiets par de gros nuages noirs à l'horizon, aussi nous nous autorisons juste un bref arrêt pour prendre une photo ou deux à la sauvette...
Nous en prendrons en revenant bien sur ! Quelle erreur ! Au fur et à mesure que nous montons sur ces hauts plateaux, la neige est de plus en plus présente.
La route reste dégagée jusqu'au mileu du plateau, puis disparait insidieusement sous des plaques de neige, puis devient à peine pratiquable.
Nous ne sommes qu'à une vingtaine de Km du but, mais nous préfèrons ne pas prendre de risques et nous faisons demi-tour sur un petit parking à moitié enneigé.
Bien nous en a pris, parce qu'à peine repartis la tempête de neige fait rage et le vent devient très fort.
Il me faut redescendre avant d'être bloqué, tout en roulant doucement pour ne pas glisser.
En arrivant au niveau du fjord, les photos projetée sont dans une "purée de pois" indescriptible et resterons donc dans nos têtes... Dommage !
Nous reprenons la route 98, toujours aussi innomable, en direction de Laksely. Les plateaux de Borselvfjallet ne présentent aucun intérêt et la neige qui tombe par averses rend le parcours encore plus pénible.
Nous traversons Laksely, sans chercher à nous arrêter, si ce n'est pour un plein de Gas-oil, car il nous semble encore un peu tôt pour faire étape.
Deuxième erreur de la journée, car nous ne trouverons rien de convenable avant Alta qui est à 160 km de là, avec en prime la traversé du haut plateau enneigé du Sennalander (80 km) !
Heureusement le revêtement est superbe et la route très bien dégagée... J'en ai tellement plein le dos que je n'ai même pas le courage de m'arrêter pour prendre des photos.
Ce n'est vraiment pas une journée photo !
Nous arrivons à Alta avec l'espoir de trouver un camping accueillant et surtout "propre" (ce qualificatif existe-t-il en Norvège ?).
Nous ne serons heureusement pas déçus, même si nous avons eu un peu de mal à rejoindre le camping, ce dernier a toutes les qualités requise pour un repos bien mérité.
Jeudi 31 mai
Miracle, il fait beau ce matin à Alta. Beau, mais toujours aussi froid.
Aujourd'hui sera une journée de repos... enfin presque... nettoyage complet de la roulotte qui a subi les affres du climat, des routes et des chauffeurs PL Norvégiens qui conduisent comme des sauvages, y compris sur les routes san revêtement.
Ce sera aussi une journée de "lessive" avec les machines du camping... Nous ne sommes pas les seuls à profiter de ce repis pour tout laver.
Au début d'A/M débarque un couple Danois en camping-car qui vont laver des tonnes de linge !
Nous profiterons aussi du beau temps pour faire des promenades avec ce pauvre Vidoc, qui tout comme moi (mais en silence en ce qui le concerne) commence à pester contre cette Norvège qui ne nous souris pas !
Nous étions si bien en Finlande !
Vendredi 1er juin
Nous nous levons sous le soleil qui a brillé toute la nuit sans un nuage (j'ai vérifié), mais bien entendu, au moment du départ le temps se couvre de nouveau.
Nous repassons par le centre d'Alta pour faire le plein de GPL dans une station spéciale Gaz.
En effet, en Norvège on ne trouve pas de GPL dans les stations à carburants traditionnels.
Il faut se rendre dans des "stations spécialisées". Autant vous dire que vous avez interêt à en avoir la liste et les coordonnées GPS.
Nous rejoignons la route en direction de Tromso, et en dépit des mauvaises conditions de circulation (travaux, routes défoncées ou très détériorées de temps en temps) et de météo, nous trouvons les paysages superbes.
Nous nous arrêtons à chaque fois que la route le permet (et c'est extrêmement rare et jamais aux plus beaux points de vue) pour tenter de prendre des photos.
Je dis bien, tenté, car les lumières (façon de parler) sont absolument infectes... Je commence à croire que dans ce pays il ne fait beau que la nuit... Il va falloir changer nos habitudes, rouler la nuit pour profiter de la lumière et dormir le jour quand il pleut !
En cours de route nous croisons toujours les principaux habitants de ces vallées perdues...
Nous nous arrêterons au bord d'un petit fjord "annexe". Il y a des grands, des moyens, des petits, des bras de mer, des principaux, des secondaires... bref tout est fjord !
Nous garons donc la roulotte sur le petit port d'Oderdalen (Kafjord-Oderdalen - N.69°36'12.2" / E.029°31'47.4") d'où part un petit Ferry pour Lyngseidet, un petit port situé sur la rive d'en face du fjord principal !
Le coin serait sans doute très plaisant s'il y avait un peu de soleil. Bref, pour l'instant la Norvège ne m'enthousiasme vraiment pas !
Allez, on va attendre 1h du matin, peut-être auront nous un peu de soleil !
Pour nous redonner le moral, nous faison connaissance d'un sympathique couple de Suisses Allemands qui arrivent vers 18h avec un vieux bus suisse de 1961, aménagé en camping_car par leurs soins... avec poële à bois en guise de chauffage ! Ils sont très sympas tous les deux.
Samedi 2 juin
Temps toujours couvert ce-matin au réveil, un couple d'Eiders à duvet viens nous souhaiterle bonjour. Va-t-il nous porter chance ?
Nous avons un peu de crachin, peu de de temps après notre départ, mais le soleil semble vouloir reprendre le dessus.
Toujours de merveilleux paysages, mélangeant la mer, la montagne, le soleil, les nuages sombres, les sommets enneigés... et nous longeons... des fjords.
L'un d'eux, le fjord de Lyngen va nous réserver une merveilleuse surprise ! Au détour d'un méchant virolet, nous apercevons dans l'eau une forme bizarre qui ressemble à la silhouette d'un dauphin !
Arrêt en catastrophe, au premier parking venu, heureusement pas trop loin. Jummelles pour Béatrice, qui confirme : "trois dauphins" en action de pêche !
Je monte le 500 mm le plus rapidement possible sur le 7D et je cours le long de la route pour tenter de "saisir" l'événement !
En fait ce ne sont pas 3 dauphins, mais deux couples de dauphins en train de pêcher. Le problème, c'est que dans ce cas la, ces superbe mammifères ne sortent jamais le rostre de l'eau !
Dommage, les photos sont "anecdotiques et documentaires", mais elles sont le témoignage d'une belle émotion !
Nous continuons notre belle route avec un soleil qui s'affirme de plus en plus et nous rejoignons notre but du jour, Tromso.
Nous stationnons la roulotte en ville pour une visite à pieds de la ville et pour quelques emplettes.
La camionnette de Mack (brasseur norvégien de Tromso)... Maakh ne pouvait pas la manquer !
Nous rejoignons ensuite, dans un premier temps, le camping de Tromso.Celui-ci n'est vraiment pas engageant, les camping-car sont serrés les uns contre les autres sur un terrain douteux et dans un environnement du même tonneau.
C'est insupportable, et nous décidons de tenter notre chance en rejoignant le petit camping de Skittenelv, situé à environ 25 km au nord de Tromso au bord du petit fjord de Gretsunder.
Nous ne le regrettons vraiment pas, nous sommes au bord de l'eau, la vue est superbe
et surtout...une colonies d'oiseaux marins s'offrent à mon téléobjectif ! Quel régal !
Malheureusement, la liaison internet ne fonctionne pas, mais je commence à en avoir l'habitude.
A 23h, le soleil frappe de plein fouet le pare-brise de la roulotte et le spectacle est tellement beau que nous ne sommes pas préssés de nous coucher.
Malheureusement, je pense que d'ici 1 h "le soleil de minuit" sera caché par la montagne qui surplomble le fjord sur l'autre rive...
Effectivement, il est un peu plus de 23h30, lorsque je prend cette photo, la dernière avant la disparition du soleil derrière la montagne.
Et pourtant, en dépit de cette ombre, plus marquée sur la photo qu'en réalité, la luminosité ambiante à 23h45 est toujours importante comme en témoigne cette photo prise sur l'autre rive...
Dimanche 3 juin
Nous quittons notre petit camping de Skittenelv, pour reprendre la route vers Tromso.
Une envie d'île nous prend et nous décidons de changer notre itinéraire prévu initialement afin de prendre la direction de l'île de Senja, avec pour objectif de passer la nuit, soit à Finnsnes (sur le continent) soit sur l'île elle-même.
Comme toujours, les paysages sont grandioses et le soleil sera avec du matin jusqu'au début d'après_midi.
Nous faisons une halte déjeuner dans un cadre absolument superbe... Dommage que les lumières de midi soient si dures ! Mais bon, ce soleil fait du bien.
Cela va malheureusement un peu se gâter dans l'après-midi lorsque nous traversons des vallées très froides parsemées de lacs encore gelés en ce début juin !
Nous traversons la ville de Finnsnes qui ne vaut vraiment pas le détour, ni même d'y passer la nuit.
Prenant notre courage à deux mains, il est dejà 16h30, nous décidons de traverser l'île de Senja pour rejoindre le port de Gryllefjord, situé à environ 70 km, dans le but d'y passer la nuit.
La route (revêtement) est absolument ignobles et chaque fois que l'on croît pouvoir un peu rouler, des trous inimaginables vous le font aussitôt regretter.
Je peste d'avoir pris cette route qui traverse des landes absolument sans intérêt.
Puis, lorsque l'on sort de ces landes pourries, à environ 30 km du port, la route devient extrêment étroite, sinueuse et très vallonnée, en surplomb de la mer.
Là, on roule au pas et on "trompette" à chaque virage, car on ne peut se croiser qu'à certains endroit tous les cents ou cent cinquante mètres, mais le paysage et les couleurs de la mer sous ce ciel plombé vous font oublier toute fatigue et tout stress !
C'est sublime... On arrive au port en dominant d'environ 200 m le petit fjord de Torsken... Que c'est beau !
L'arrivée au port, nous remet les choses en face... Ce n'est qu'un petit port sans cachet, et surtout sans aucun endroit pour passer la nuit...
La seule place possible a déjà été prise, au bout du bout, 500 m après le port, par nos amis Suisses et leur vieux bus à chauffage au bois.
Il sont gonflés, je n'aurai pas osé aller jusque là !
Nous les retrouvons sur le port. Ils ont décidé de prendre le Ferry du lendemain matin (11h) qui rejoint Andenes sur les îles Vesteralen (celles qui sont juste au nord des Lofoten).
La traversée dure 2h, elle n'est pas donnée, mais elle nous "évitera" 450 km de routes à l'intérieur des terres.
En ce qui nous concerne, on décide d'embarquer dans le Ferry de 19h qui ne devrait pas tarder à arriver.
Nous sommes dèjà une demi-douzaine de camping-car et autants de voitures à attendre, lorsqu'un grand car plein de touristes
Sur le parking, nous sommes déjà une demi-douzaine de camping-car et autant d'autos à attendre, lorsqu'un grand car plein de touristes vient se garer en attente du Ferry.
Etant donné qu'il a des passagers, je suis certain qu'il sera prioritaire et nous nous inquiétons quand à la capacité du bateau !
Nous voyons arriver un tout petit Ferry à l'ancienne et l'inquétude augmente.
Effectivement, un camping-car (le dernier arrivé, juste après nous) restera sur le quai, faute de place. Dommage pour eux, ils seront quittes à attendre le Ferry de 11h !
En ce qui me concerne, l'embarquement est une nouvelle fois difficile avec ce fichu Rapido surbaissé !
Mon pot d'échappement s'est encore applati dans un un infernal bruit de casserole et je dois forcer tout doucement pour passer...
J'ai peur qu'il ne résiste très longtemps à ce genre de traitement !
La traversé est épouventable, ça tangue et ça roule...en même temps bien sur...heureusement que nous n'avions pas dîner !
ce brave Vidoc, lui, a avalé sa gamelle avant d'embarquer et je crains le pire !
Mais le matelot commence à avoir le pied marin... mais il finit tout de même la traversée sur les genoux de Béatrice, car il ne tiens plus debout et ne veut pas s'allonger sur "ce sol qui bouge et qui tremble" !
Pauvre chien, c'est dur d'avoir des maîtres voyageurs !
Nous arrivons à bon port, sans dégat, et la sortie vers le quai est mieux faite qu'à l'embarquement... Je sauve temporairement mon pot !
Nous passons la nuit à la sortie d'Andenes sur un petit camping au bord de la mer et d'une très belle palge de sable blanc.
Comme il n'y a personne à l'accueil, tous les camping-car qui viennent de faire la traversées s'installent et se branchent aux prises électriques du camping.
Dîner... puis tout le monde au lit... Le quartier-maître Vidoc (il a bien mérité sa promotion) s'endort épuisé et ronfle comme un sonneur !
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